Lexique du bien vivre social

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Pauvreté – Lexique du bien vivre social / 5

De Luigino Bruni 

Paru dans Avvenire le 27/10/2013 

logo_avvenire La pauvreté est une dimension essentielle de la condition humaine, elle est une "première parole" précédant toute vie. Une grave erreur de notre civilisation est de la considérer comme un problème typique de quelques catégories sociales ou peuples, qui de temps en temps deviennent les "adjudicataires" de la pauvreté. En conséquence nous voudrions nous immuniser toujours plus des pauvres en les expulsant, tels des boucs émissaires, hors des confins de notre vie civile. Nous ne connaissons plus la pauvreté, ni ne la reconnaissons, parce que nous avons oublié que nous sommes nés dans la même absolue pauvreté dans laquelle s’achèvera notre vie. [fulltext] =>

Mais en y regardant bien, nous nous rendrions compte que toute notre existence est une tension entre la volonté d’accumuler des richesses pour combler cette indigence anthropologique radicale, et la conscience, plus grande d’année en année, que cette accumulation de biens et d’argent n’est qu’une réponse partielle, globalement insuffisante, au besoin d’atténuer les vraies vulnérabilités et fragilités d’où nous provenons, et de vaincre la mort. Une conscience à son maximum à la pensée que nous quitterons notre existence aussi nus comme nous y sommes entrés, à la pensée que passeront les richesses et les biens, et que ce qui éventuellement restera de nous sera autre chose.

Cette intuition explique la décision de certains de réduire l’argent et les biens : ils découvrent que la diminution de quelques richesses permet la croissance d’autres biens qui naissent de cette pauvreté nouvelle, différente et choisie. Tel est l’itinéraire spirituel et éthique de Jésus Christ ("De riche qu’il était, il s’est fait pauvre pour nous enrichir de sa pauvreté"), et ensuite de François d’Assise, de Gandhi, de Simone Weil, et de tant d’autres géants d’humanité et de spiritualité qui, par leur pauvreté choisie, ont enrichi et continuent d’enrichir la vie sur terre, surtout celle de millions et millions de pauvres qui n’ont pas choisi la pauvreté mais la subissent.

À côté de ces grands amants de la pauvreté libératrice et prophétique se tiennent beaucoup d’autres hommes et femmes, d’hier, d’aujourd’hui, de demain. On trouve parmi eux beaucoup de poètes, de religieuses, de missionnaires, de citoyens responsables, et même de journalistes, d’entrepreneurs et d’hommes politiques.

Sans choisir de devenir pauvre de pouvoir, de richesse, de soi-même, on est incapable de mener de longues et exténuantes luttes pour la justice, jusqu’à donner sa vie et même mourir pour ces idéaux. Cette pauvreté seule nous permet de donner notre vie pour les autres, parce que nous n’en revendiquons pas la possession. Celui qui n’est pas capable de donner sa vie pour les idéaux dans lesquels il croit, tient en réalité pour peu de chose ces idéaux et sa propre vie.

L’économiste iranien Rajiid Rahnema éclaircit la sémantique complexe de la pauvreté dans une belle page où il distingue diverses formes de pauvreté : « celle que choisirent ma mère et mon grand-père soufi, à la manière des grands pauvres du mysticisme persan ; celle de certains pauvres du quartier où j’ai passé les douze premières années de ma vie ; celle des femmes et des hommes dans un monde en voie de modernisation où ils gagnent trop peu pour suivre la course aux besoins créés par la société ; celle des insupportables privations subies par des multitudes d’êtres humains réduits à d’humiliantes misères ; celle enfin qu’est la misère morale des classes possédantes et de certains milieux auxquels je me suis confronté au cours de ma carrière professionnelle ».

C’est justement ici que s’ouvre un discours crucial, trop étouffé, sur la pauvreté. La mauvaise pauvreté (par exemple les quatre dernières de Rahnema), celle qu’il faudrait faire vite disparaître de notre planète, est avant tout un manque de ces "capitaux" sources de "flux" (entre autre le travail et son bon revenu) grâce auxquels il est possible de bien vivre dans la dignité. À y regarder mieux, nous voyons que les nombreuses et croissantes formes de pauvreté non choisies mais subies dans lesquelles trop de gens sont enfermés (encore trop de femmes et d’innombrables enfants) ainsi que les situations d’indigence, de précarité, de vulnérabilité, fragilité, dépendance et exclusion, sont en réalité l’effet du manque de capitaux non pas tant financiers que relationnels (famille et communautés brisées), du manque de capitaux sanitaires, technologiques, environnementaux (infrastructures), sociaux, politiques, et plus encore éducatifs, moraux, spirituels ; carence de ‘philia’ et d’’agapè’.

Alors pour comprendre quel est le degré de pauvreté d’une personne dite pauvre (parce qu’elle vit avec moins d’un ou deux dollars par jour) il faudrait examiner ses ‘capitaux’, et voir si et comment de ces capitaux peuvent naître des flux ; et à ce niveau-là intervenir. Nous découvrions alors, en y regardant bien, que vivre avec deux dollars par jour dans un village doté d’eau potable, sans malaria, avec un bonne première scolarisation, est une pauvreté très différente de celle où l’on a deux (voire cinq) dollars par jour, mais sans ces précieux capitaux. Comme nous l’enseigne depuis des années l’économiste et philosophe indien Amartya Sen, la (mauvaise) pauvreté consiste dans le fait de ne pas être en condition – entre autre sociale et politique – de pouvoir développer ses propres potentialités, ensablées dans la carence en capitaux, et donc de vivre assez longtemps, sans trop d’accidents et de souffrances. La pauvreté, toute pauvreté, est donc beaucoup plus et toute autre chose que l’absence d’argent et de revenu. Ils nous le montrent bien ces cas dramatiques où nous perdons notre emploi sans en trouver un autre par manque de "capitaux" pour cela fondamentaux : non seulement un bon niveau d’instruction, mais aussi l’apprentissage en temps opportun d’un métier.

Les capitaux des personnes et des peuples, donc les richesses et les pauvretés, sont toujours imbriqués. Certains capitaux, certaines richesses et pauvretés, sont plus déterminants pour l’épanouissement de la personne, mais, à part des cas extrêmes (très révélateurs), personne n’est pauvre au point de n’avoir aucune forme de richesse. Cet entrelacement rend le monde moins injuste qu’il n’apparaît à prime abord. Mais attention à ne pas tomber dans la "rhétorique de l’heureuse pauvreté" qu’on peut trouver chez ceux qui louent l’indigence des autres depuis le confort de leurs luxueuses villas, ou qui pratiquent un équivoque "tourisme social" en voitures blindés dans les banlieues des villes du Sud. Avant de pouvoir parler de belle pauvreté, il faut bien regarder dans les yeux les pauvretés laides, et si possible en goûter quelque chose.

Le risque est toujours réel de tomber dans la rhétorique bourgeoise de la louange de la belle pauvreté (celle des autres, jamais connus ni touchés) mais n’ignorons pas pour autant une vérité plus profonde encore : tout processus de sortie des pièges de la misère et de l’indigence commence par la valorisation des richesses et des beautés de ces "pauvres" que nous voudrions aider. À défaut de partir de la reconnaissance de ce patrimoine souvent enfoui mais réel, les processus de développement et de croissance des capacités des pauvres seront inefficaces voire néfastes, parce qu’on aura manqué d’estime envers l’autre et ses richesses, nous privant d’expérimenter la réciprocité des richesses et des pauvretés.

Beaucoup de pauvretés des "riches" pourraient être guéries par les richesses des "pauvres". Il leur suffirait de se connaître, de se rencontrer, de se toucher. Mais si nous ne nous mettons pas à connaître et reconnaître la pauvreté, toutes les pauvretés, nous échouerons à faire renaître une bonne économie, laquelle renaît toujours de la faim de vie et d’avenir de ses pauvres.

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Pauvreté – Lexique du bien vivre social / 5

De Luigino Bruni 

Paru dans Avvenire le 27/10/2013 

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La prophétie et l’injustice

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Les biens relationnels – Lexique du bien vivre social / 4

De Luigino Bruni 

Paru dans Avvenire le 20/10/2013 

logo_avvenire La sagesse populaire a toujours su que les biens et les maux les plus importants sont nos relations interpersonnelles. Les mythes, les histoires et les traditions ne font que nous le répéter depuis des millénaires, en nous parlant de richesses que de mauvaises relations ont  changées en grands maux, et de pauvretés matérielles où le peu s’est multiplié parce qu’en communion il a été partagé.

Depuis quelques décennies les scientifiques s’en rendent compte : les sociologues et même les économistes (le premier fut Benedetto Gui en 1986), qui emploient l’expression ‘biens relationnels’ pour indiquer ce type de bien où c’est la relation entre les personnes qui constitue le bien. [fulltext] =>

Aujourd’hui ‘bien relationnel’ signifie beaucoup de choses. Certains appellent ainsi les services à la personne dont la valeur dépend principalement de la qualité de la relation qui s’instaure entre les personnes concernées. Le ‘bien-être’ d’une soirée dans une pizzeria avec des amis dépend bien sûr de la qualité et du prix de la pizza, du vin (ou de la bière) et de la salle de restaurant, mais il dépend surtout (à 80-90%) de la qualité des relations qui se vivent ensemble – au point que l’éclatement d’un banal litige réduit à néant l’agrément de la soirée en dépit de l’excellence des pizzas. La satisfaction (ou l’insatisfaction) que nous donnent l’assistance, les visites et les soins médicaux, mais aussi l’école, dépend ‘beaucoup’ de la qualité de ces relations et rencontres humaines. Un ‘beaucoup’ qui devient pratiquement tout quand nous avons affaire à des enfants, à des malades en long séjour à l’hôpital, à nos vieux parents très âgés.

Ce qui joue un rôle très spécial dans les biens relationnels, ce sont les motivations et les intentions des personnes qui ‘produisent’ et en même temps ‘consomment’ ces biens. Le ‘pourquoi’ est décisif. Si par exemple le conseiller ou le commis d’assurance me demande comment vont les enfants et ma famille ‘parce qu’ ’il sait que créer ce climat familial facilite le contrat (à son avantage), alors que sa motivation est pour moi évidente, ce dialogue pré-commercial ne crée aucun bien relationnel (plutôt un ‘mal relationnel’).

Le bien relationnel en effet est un bien de grande valeur, qui reste tel tant que nous ne cherchons pas à lui conférer un prix, à le transformer en marchandise, à le mettre en vente. Il meurt s’il perd le principe actif de la gratuité. Les biens relationnels orientent et conditionnent nos choix, des plus petits et quotidiens aux plus grands et décisifs.

Il suffit de penser, de temps en temps, à combien pèsent les biens (et les maux) relationnels sur la qualité de notre travail, sur le choix de garder ou non notre emploi. Nous allons habiter un autre quartier,  mais nous retournons de temps en temps prendre quelque chose au vieux bar où en plus du cornet et du cappuccino nous "consommons" aussi entre amis ces biens faits de rencontres, de réparties, et même de mises en boite sur le foot. Sans prendre en considération le besoin de ce type d’aliment, nous ne comprendrons pas, entre autre, pourquoi les personnes âgées sortent plusieurs fois par jour, d’abord pour le pain, puis pour quelques légumes verts, enfin pour le lait : en plus de ces produits, ils ‘consomment’ des biens relationnels et s’en nourrissent. Si nous supprimons la demande et le besoin des biens relationnels du champ de la politique, après que les techniciens et conseillers les aient évacués du leur, nous ne pouvons ni comprendre ni aimer nos villes, leurs réelles pauvretés et richesses, ni comprendre les pertes et profits réels de la fermeture, par exemple, des petits commerces des villes.

Mais ces ‘biens relationnels’ n’épuisent pas toute la nature relationnelle des biens. Chaque bien, pas seulement ceux qu’aujourd’hui nous appelons relationnels, porte en soi l’empreinte des personnes et des relations humaines qui l’ont engendré. Le poids, la forme et la visibilité de cette empreinte varient d’un bien à l’autre, mais ne disparaissent jamais complètement aux yeux de qui veut et sait les voir. Considérés de ce point de vue, tous les biens deviennent biens relationnels. Pensons aux produits artisanaux. Dans la culture artisanale – encore bien vivante, jamais entièrement supplantée par l’industrie – un violon, un meuble, une arcade étaient reconnaissables bien avant qu’on ne lise la signature de son auteur (absente en général puisqu’inutile). De l’objet on remontait facilement au sujet, de la créature au ‘créateur’. Mais là où l’empreinte personnelle est très visible, au point qu’on ne réussit plus à distinguer l’auteur de l’œuvre, c’est dans la création artistique. Un artiste ne se dépossède jamais complètement de son œuvre en la vendant, parce que cette sculpture contient un morceau de sa vie, de son amour, de sa souffrance, et cela pour toujours.

Dans notre société de marché, après quelques décennies de produits de masse anonymes et dépersonnalisés, la tendance est forte aujourd’hui d’un retour à la personnalisation des biens. On veut faire émerger ces "rapports entre les personnes cachés sous la coquille d’un rapport entre les choses" (Marx, Le Capital). Au marché, sur les étagères, sur le web, nous voyons des marchandises et des services, mais sous leur apparence il y a, invisibles mais très réels, des rapports de travail, de production, des relations de pouvoir, d’amour et de souffrance. Affinons notre vue et notre ouïe, et nous pourrons entendre les voix et voir les multiples visages non seulement des vendeurs de fruits et légumes ou des caissières, mais aussi de ceux qui se trouvent, réellement, derrière les frigos, les chaussures, les vêtements, les ordinateurs. Un café savouré avec des amis dans un bar qui a renoncé à la machine à sous, n’est pas le même que celui que je buvais auparavant dans le bar de la rue voisine, même s’il est fait pareil, avec la même machine à café. Sa saveur est tout autre, mais il faut des glandes spirituelles et civiles pour savourer cette différence ; or ces glandes sont en train de s’atrophier.

Apprenons à questionner toujours plus nos biens (et maux), à les interroger, à dialoguer avec eux. Refusons qu’ils ne nous parlent que de qualités marchandes et de prix. Nous voulons qu’ils nous racontent aussi des histoires de personnes et de milieu de vie, qu’ils nous parlent de justice, de respect, de droits, qu’ils nous révèlent ce qui est invisible aux yeux mais qui devient essentiel à beaucoup d’entre nous. Les étiquettes sur les confections et les marques de qualité nous en disent désormais quelque chose, mais trop peu, parce qu’il y a encore dans les biens tant d’histoires importantes et décisives que nous ne connaissons pas. Ces étiquettes ne nous disent pas, ou le disent encore trop peu, si les salaires payés aux travailleurs du cacao ou des bluejeans sont justes, ni où se trouve le siège fiscal de l’entreprise ; ils taisent si les conditions de travail conviennent aux femmes et aux mamans ; à qui vont les profits, combien et quelles actions d’autres entreprises sont dans le portefeuille de celle qui me vend ce produit. Les filières éthiques des produits sont encore trop courtes, très insuffisantes : elles s’achèvent là où commence ce qui compte et comptera toujours plus pour la démocratie.

Notre culture capitaliste nous fait parler toujours plus de l’importance des calories, des sels et des sucres. Mais n’oublions pas qu’il existe des calories sociales, des sels de justice et d’autres sucres en excès qui causent des infarctus, des obésités et des diabètes civils et moraux.

Les biens sont des symboles, et comme tous les symboles, par leur sens de présence-absence, ils nous signalent quelque chose ou quelqu’un qui ailleurs est présent et vivant. Quelqu’un et quelque chose que nous pouvons ignorer, nier, oublier, faire comme s’ils n’existaient pas. Mais ils ne cessent pas d’être vivants et réels. Et ils continuent à nous parler, à nous raconter des histoires, à nous attendre.

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Les biens relationnels – Lexique du bien vivre social / 4

De Luigino Bruni 

Paru dans Avvenire le 20/10/2013 

logo_avvenire La sagesse populaire a toujours su que les biens et les maux les plus importants sont nos relations interpersonnelles. Les mythes, les histoires et les traditions ne font que nous le répéter depuis des millénaires, en nous parlant de richesses que de mauvaises relations ont  changées en grands maux, et de pauvretés matérielles où le peu s’est multiplié parce qu’en communion il a été partagé.

Depuis quelques décennies les scientifiques s’en rendent compte : les sociologues et même les économistes (le premier fut Benedetto Gui en 1986), qui emploient l’expression ‘biens relationnels’ pour indiquer ce type de bien où c’est la relation entre les personnes qui constitue le bien. [jcfields] => Array ( ) [type] => intro [oddeven] => item-even )

Quelque chose d’essentiel

Les biens relationnels – Lexique du bien vivre social / 4 De Luigino Bruni  Paru dans Avvenire le 20/10/2013  La sagesse populaire a toujours su que les biens et les maux les plus importants sont nos relations interpersonnelles. Les mythes, les histoires et les traditions ne font que...
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Biens – Lexique du bien vivre social / 3   

De Luigino Bruni 

Paru dans Avvenire le 13/10/2013 

logo_avvenire En ce temps que nous vivons, toujours plus dominé par la technique et par la finance invisible et sans visage, les protagonistes de l’économie continuent d’être les personnes et les biens. Chaque acte économique – de la consommation au travail, de l’épargne à l’investissement – implique ensemble des personnes et des biens. Même quand les personnes agissent au sein d’institutions complexes, avec règles et contrats, là où les biens perdent leur matérialité et leur consistance même, du début à la fin de tout acte économique nous retrouvons toujours les biens et les personnes. Voilà pourquoi, en vue d’écrire un nouveau lexique économique, parallèlement à la réflexion sur les personnes – citoyens, "consommateurs", entrepreneurs, investisseurs, travailleurs –, s’impose l’urgence d’une réflexion nouvelle sur les biens, sur les objets de l’économie, et donc sur les nouvelles praxis de consommation et de vie.

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Hier, aujourd’hui et demain, l’économie change, évolue et bouge quand changent, évoluent et bougent les biens et les personnes. Entre personnes et biens se noue un mystérieux rapport de réciprocité. En effet, s’il est vrai que les biens se rapportent aux personnes (les seules qui sur terre jouissent de liberté et donc sont responsables), ces biens, une fois créés, prennent vie et sont capables de transformer notre vie, notre bien-être et notre liberté. C’est là une loi formidable de l’existence humaine, que les grands mythes ont exprimé de mille manières, et que nous continuons à nous raconter. Les enfants que nous engendrons ne sont pas les seuls à modifier notre vie, à la changer radicalement et pour toujours ;  les choses que nous créons nous changent aussi, nous transforment, nous rendent meilleurs ou pires, ne nous laissent jamais indemnes. Nous le savons : le monde change chaque fois que naît un enfant ; et bien, de façon toujours différente et nouvelle, le monde change aussi continuellement du fait de ce que nous fabriquons et produisons, du fait de nos rencontres et de nos biens. Nous cultivons et gardons la terre en créant, en échangeant, en consommant des biens.

Pour parler des marchandises, les premiers économistes employèrent la parole "biens", empruntée à la philosophie et à la théologie. Bien appartient en effet à la catégorie morale du bon, bonum. C’est donc une bonne chose que d’augmenter les biens parce que – et si - ce sont de bonnes choses, ils augmentent le bien des personnes, des familles, des villes, le Bonum commun. C’est pourquoi la réflexion éthique était basée à l’origine sur l’hypothèse que parmi les marchandises et les choses de l’économie, toutes ne sont pas des biens (de bonnes choses). Et on ne peut comprendre l’antique réflexion sur les vices (luxure, gourmandise, avarice, envie…) hors de ce lien entre biens et Bien, entre biens et besoins.

Mais à un moment donné de la trajectoire culturelle et anthropologique de l’Occident, les individus n’acceptèrent plus que quelqu’un (la tradition, la société, la religion, le père…) leur disent quels biens sont "bons", quels besoins sont "vrais", quelles choses vraiment utiles, et ils l’acceptèrent toujours moins. Le sujet devient le seul habilité à dire si une chose est pour lui un bien, et adresse au marché une demande payante. La richesse nationale est ainsi devenue l’ensemble de ces biens (produits et services) définis tels par les individus, et le PIB ne fait que mesurer ces biens.

Notre richesse économique compte donc une myriade de biens divers, qui n’ont de commun que la mesure monétaire : l’antibiotique, les billets pour Pirandello et Ibsen au théatre, les fleurs pour la bien-aimée, les biens relationnels, les frais juridiques des litiges et délits, les mines anti personnelles, les machines à sous, la pornographie. Tous sont des biens, tout est du PIB, tout est de la croissance. Tout cela est travail, dira-t-on. Mais où est la qualité humaine du travail de cette femme, employée dans une imprimerie, qui, pour vivre, doit imprimer du matériel pornographique sur lequel certains spéculent et s’enrichissent ? Dans ce qui est travail et emploi, tout n’est pas bon et ne l’a jamais été. Les biens ont perdu contact avec le Bien. Or sans cette référence culturelle nous ne pouvons plus comprendre que l’augmentation des biens n’est pas toujours un Bien, que les biens ne sont pas tous de bonnes choses, et que toute croissance ne contribue pas au bonheur ou au bien-être. Le contraste entre nos biens et le bien apparaît tragiquement et de manière flagrante dans la dégradation de l’environnement naturel, où se donne en spectacle l’imbrication des biens individuels et du Mal commun.

Quel critère éthique avons-nous aujourd’hui pour dire si un pourcentage d’augmentation du PIB est un bien ou un mal ? Nous devrions être capables de savoir et dire comment et par quels "biens" le PIB a augmenté, mais nous ne le savons pas. Si dramatique que cela soit, ayons conscience cependant qu’une des conditions de la démocratie est l’existence dans le monde d’une quantité de biens supérieure à celle des choses qui sont bonnes pour nous, parce que dans ce ‘surplus ’ il pourrait y avoir aussi, et il y a, des choses qui pour nous sont des biens alors qu’elles ne le sont pas pour d’autres, pour la majorité. Un exercice fondamental de la démocratie est de tolérer qu’il y ait plus de biens que ceux qui nous plaisent. Mais ce ‘surplus démocratique’ ne doit pas nous empêcher de nous poser des questions difficiles et risquées sur la nature morale des biens économiques, et de nous persuader mutuellement du bienfait de nos biens et de ceux des autres.

Une dernière remarque. Même si l’on assiste actuellement à une transformation très rapide de (presque) tous les biens et maux en marchandises, il existe sur la terre beaucoup de biens (et de maux) qui ne sont pas des marchandises, des choses qui ont une valeur mais pas de prix. Un nouvel indicateur de bien-être pourrait alors calculer la différence entre les biens et les marchandises, et nous dire à quel point la gratuité résiste à l’impérialisme des marchandises. Car sous le monde des choses il y a plus que ce qu’elles sont. La valeur économique des biens n’est qu’une partie minime de leur valeur totale. Nous engendrons beaucoup de bien en plus de ce que calculent les prix et le PIB : un ‘crédit de valeur’ qui compense peut-être, au moins en partie, le débit de tant de maux que l’argent ne peut adéquatement réparer, parce qu’ils sont trop humains et douloureux pour avoir un équivalent monétaire.

Cet excédent de la valeur sur le prix concerne beaucoup de biens, mais surtout beaucoup de services à la personne, comme les soins, l’éducation, la santé, la recherche…  La valeur totale d’une visite médicale qui trouve la solution à un grave problème de santé, est une valeur humaine et morale qu’aucune note d’honoraires, même ‘salée’, ne peut égaler. La valeur économique d’un enseignant qui aide nos enfants à grandir est infiniment plus élevée que son salaire. Cette surabondance vaut pour tout travail, à divers niveaux (elle est flagrante dans le cas des super-salaires millionnaires qui provoquent l’indignation). Elle est tout ce qui donne valeur morale au "merci" que l’on dit au barman après avoir payé normalement le prix de la consommation.

Cela, nous le savons, nous le sentons, nous en souffrons tous. C’est pour cette raison que  les travailleurs, pour être satisfaits et bien vivre, ont un besoin vital – presque jamais contenté – d’autres formes de rémunération symbolique et relationnelle qui remplissent, au moins un peu, l’écart entre le salaire monétaire du "bien travail" et le don de la vie dans le travail. C’est cet excédent anthropologique qui fait que le travail est plus grand que sa valeur salaire, toujours et partout. Quand nous transformons les valeurs en prix et les biens en marchandises, n’oublions jamais la différence entre la valeur des choses et leur mesure monétaire, entre le travail et son prix. Le reconnaître et agir en conséquence est un acte de justice économique qui fonde tout bien vivre social.

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Biens – Lexique du bien vivre social / 3   

De Luigino Bruni 

Paru dans Avvenire le 13/10/2013 

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Le prix n’est pas juste

Biens – Lexique du bien vivre social / 3    De Luigino Bruni  Paru dans Avvenire le 13/10/2013  En ce temps que nous vivons, toujours plus dominé par la technique et par la finance invisible et sans visage, les protagonistes de l’économie continuent d’être les personne...
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La Richesse – Lexique du bien vivre social / 2

De Luigino Bruni 

Paru dans Avvenire le 06/10/2013

logo_avvenire Les richesses, comme les pauvretés, sont multiples. Certaines sont bonnes, d’autres, flagrantes, sont mauvaises. Les grandes cultures le savaient bien ; la notre, dans sa petitesse, l’a oublié. La nature plurielle et ambivalente de la richesse est inscrite dans sa sémantique même.

Richesse vient d’abord de ‘rex’ (roi), et renvoie donc au pouvoir, au fait de disposer même des personnes à travers l’argent et les biens. La possession des richesses a toujours été, et est, profondément mêlée  à la possession des personnes, et la frontière entre la démocratie et la ploutocratie (gouvernement des riches) est vague et fragile, avec très peu de gardiens et sentinelles qui ne soient pas sur le livre de paie des ploutocrates.

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Mais la richesse est aussi ‘wealth’, qui en anglais renvoie à weal, well-being, c’est-à-dire au bien-être, à la prospérité, au bonheur individuel et collectif. Adam Smith, pour le titre de son traité d’économie (The wealth of Nations, 1776) choisit ‘wealth’ plutôt que ‘riches’ pour signifier que la richesse économique est plus que la seule somme des biens matériels, ou que notre PIB.

Beaucoup d’économistes des pays latins ont choisi pour ce second sens de ‘richesse’ l’expression "bonheur public", sans jamais sous-évaluer la complexité du passage de la richesse au bonheur. À partir de la seconde moitié du XIXème siècle, la tradition du "bonheur public" s’est amenuisée, et dans le monde anglo-saxon l’antique idée du bien-être sous-entendue dans wealth s’est progressivement perdue. Ainsi, dans tout l’Occident, le spectre sémantique de la richesse s’est beaucoup appauvri, et nous avec lui. Nous avons produit un capitalisme financier qui a engendré une grande fausse "richesse", qui n’a pas amélioré notre vie ni celle de la planète.

Il nous faut d’urgence recommencer à distinguer les diverses formes de la richesse, à faire une distinction entre les divers "esprits" du capitalisme, et recommencer à dire publiquement et avec force que toutes les "richesses" ne sont pas bonnes..

Elle n’est pas bonne la richesse qui naît de l’exploitation des pauvres et des faibles ; celle qui se nourrit du pillage des matières premières de l’Afrique ; celle qui provient de l’illégalité, de l’exploitation des machines à sous, de la prostitution, du trafic de drogue ; celle qui s’assied sur le manque de respect des travailleurs et de la nature. Ayons la force éthique de dire, sans ‘oui… mais’, que cette pseudo-richesse n’est pas bonne. On ne peut faire aucun bon usage de ces mauvaises richesses, même pour financer des organisations non-profit ou des structures de soin pour des enfants gravement malades, car ces enfants ‘jugeront’ notre capitalisme.

De quoi naît donc la bonne et vraie richesse ? Quelles sont son origine et sa nature ? Pour Smith, qui avait mis ces questions au centre de sa recherche, la richesse naît du travail de l’homme, et il le formula en première ligne de son Wealth of Nations : "le travail annuel de chaque nation est le fond dont elle tire tout ce qui lui est nécessaire et utile pour vivre". Les richesses naturelles, les mers, les monuments et les œuvres d’art ne deviennent richesse économique et civile que par un travail humain capable d’en tirer un revenu.

Mais si nous regardons les racines profondes de la richesse, nous découvrons avec surprise que sa véritable nature est le don. La bonne richesse qui naît du travail dépend de nos talents (or nous les recevons, nous dit la parabole), c’est-à-dire des dons d’intelligence et de créativité, des dons éthiques, spirituels et relationnels.

Derrière notre richesse se trouvent des événements providentiels sans mérite de notre part, pas même celui de notre effort (quoi qu’il en soit coessentiel) : le fait d’être né dans un certain pays, d’avoir été aimé dans une famille, d’avoir pu étudier dans de bonnes écoles, rencontrer tel enseignant et d’autres personnes qui ont marqué notre parcours, etc. Combien de possibles Mozart et Gandhi n’ont pas fleuri du seul fait d’être nés et d’avoir grandi ailleurs, ou simplement de n’avoir pas été assez aimés ?!

On trouve cette tension entre don et injustice dans le mythe de Pluton (Dieu grec de la richesse) qui, rendu aveugle, distribue la richesse entre les hommes sans pouvoir voir s’ils sont justes ni s’ils la méritent. En Israël, dans l’institution de l’année jubilaire, on trouve aussi cette conscience que la richesse est par nature un don : chaque cinquante ans "chacun reprendra possession de ce qui est sien" (Lévitique). Quant à nous, au contraire, nous avons oublié, et donc expulsé hors de l’horizon civil (et fiscal), que la propriété des biens et des richesses est un rapport, une affaire sociale : "Si vous oubliez que les fruits sont à tous et que la terre n’est à personne, vous êtes perdus !" (J.J. Rousseau, Le Contrat Social). Si nous évacuons la vérité profonde de ce qu’est la richesse et la destination universelle de tous les biens, nous perdons jusqu’au sentiment de reconnaissance civile pour les richesses que nous avons.

C’est la gratuité-charis qui fonde toute bonne richesse. Nous devrions donc regarder le monde et nous dire les uns aux autres : "Moi, je suis toi qui me fais riche", et ne jamais cesser de nous remercier mutuellement. Qu’est-ce que ma richesse sinon le fruit d’un ensemble de relations, aux racines parfois très anciennes ? L’ordre des processions religieuses au Moyen-âge suivait les données du recensement, et les étrangers, même s’ils étaient riches, figuraient parmi les indigents parce que, n’ayant pas d’amis, il leur manquait la principale richesse, celle des relations.

Sans cette prise de conscience et cette reconnaissance que la relation et le don sont la vraie nature de la richesse, nous finissons par considérer que sa distribution est une usurpation, une grave profanation de nos poches par des mains tierces. Même les entrepreneurs savent que leur (bonne) richesse se fonde aussi et surtout sur la richesse des territoires, sur les talents et les vertus des travailleurs, sur la richesse morale des fournisseurs, des banques, des clients, des pouvoirs publics, et sur la richesse spirituelle de tous ceux à qui ils ont affaire (tout cela juge le grave acte d’injustice et de déni qu’est l’évasion fiscale!). C’est ainsi que certains reviennent au pays après avoir ‘délocalisé’, parce que, privés de ces richesses humaines, ils ne sont même pas parvenus à augmenter leur seule richesse financière. Si la richesse essentiellement est don, alors son partage et son usage pour le Bien commun ne sont pas un acte héroïque, mais un devoir de justice. Nous pouvons et devons la partager parce que, pour une grande part, nous l’avons reçue. Quand une culture perd ce profond sens social et politique de ses propres richesses, elle s’égare, décline et se meurt.

Aujourd’hui l’économie souffre et ne produit pas sa typique bonne richesse parce que les autres formes de richesses se sont appauvries. Cet appauvrissement est notamment du à l’économie financière elle-même, qui a consumé des ressources morales et spirituelles sans se soucier de les réengendrer. Elle a agi comme cet apiculteur qui, pour gagner le plus d’argent possible avec ses abeilles, s’est concentré uniquement sur ses ruches, et a négligé voire pollué son environnement. Les prés et les vergers se sont appauvris et ses abeilles, épuisées, ont produit toujours moins de miel, de pire qualité. Cet apiculteur, s’il veut recommencer à produire du bon miel, doit élargir les horizons de son problème, comprendre les vraies causes de sa crise, et se mettre à s’occuper des prés et vergers environnants avec le même soin qu’il prodigue à ses abeilles et à ses ruches. Tout bien est aussi un bien commun, sinon, il n’est pas un vrai bien. Sortons donc des chantiers des  ‘préposés au travail’ et revenons sur le terrain nous s’occuper des prés et des vergers, des biens communs : tel est le principal défi à relever pour réengendrer de la bonne richesse, et donc du travail.

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La Richesse – Lexique du bien vivre social / 2

De Luigino Bruni 

Paru dans Avvenire le 06/10/2013

logo_avvenire Les richesses, comme les pauvretés, sont multiples. Certaines sont bonnes, d’autres, flagrantes, sont mauvaises. Les grandes cultures le savaient bien ; la notre, dans sa petitesse, l’a oublié. La nature plurielle et ambivalente de la richesse est inscrite dans sa sémantique même.

Richesse vient d’abord de ‘rex’ (roi), et renvoie donc au pouvoir, au fait de disposer même des personnes à travers l’argent et les biens. La possession des richesses a toujours été, et est, profondément mêlée  à la possession des personnes, et la frontière entre la démocratie et la ploutocratie (gouvernement des riches) est vague et fragile, avec très peu de gardiens et sentinelles qui ne soient pas sur le livre de paie des ploutocrates.

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L’horizon des talents

La Richesse – Lexique du bien vivre social / 2 De Luigino Bruni  Paru dans Avvenire le 06/10/2013  Les richesses, comme les pauvretés, sont multiples. Certaines sont bonnes, d’autres, flagrantes, sont mauvaises. Les grandes cultures le savaient bien ; la notre, dans sa petit...
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Commentaires – Lexique du bien vivre social / 1

De Luigino Bruni 

Paru dans Avvenire le 29/09/2013

logo_avvenire Certains sont fermement convaincus que le pire de la crise est désormais derrière nous ; d’autres sont tout aussi convaincus que la "grande crise" a à peine commencé. En réalité, ce qui est sûr c’est qu’il nous faut prendre conscience que c’est justement la parole "crise" qui n’est plus à même d’exprimer notre temps. Nous nous trouvons en effet dans une longue période de transition et de changement de paradigme, commencée bien avant 2007 et destinée à durer longtemps encore. Tout en apprenant vite à bien vivre dans le monde tel qu’il est aujourd’hui, y compris le travail, nous devons apprendre un nouveau lexique économique adéquat à la compréhension de ce monde (pas celui d’hier), puis nous donner des instruments d’action et si possible de progrès.

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Une nouvelle forme de pauvreté collective est aujourd’hui l’incapacité à comprendre notre économie, notre travail et notre non-travail. De la prise de conscience de cette indigence "lexicale" et donc de la pensée, naît l’idée de se mettre – ou de continuer – à écrire une sorte de "Lexique du bien vivre social", expression empruntée ou reçue de l’économiste Ludovico Bianchini, qui occupa la chaire d’économie qui fut celle, cent ans plus tôt, de Antonio Genovesi.  Il voulut intituler son principal traité d’économie De la science du bien vivre social (1845). Aucun nouveau lexique ne naît du vide. Il vit, croît et se nourrit des paroles passées et prépare celles de demain. Il est donc toujours provisoire, partial et inévitablement incomplet ; matériel de travail, caisse à outils pour raisonner et pour agir.

Il nous faut repenser et en partie réécrire les paroles fondamentales du vivre ensemble si nous voulons que la vie sociale et économique soit "bonne" et autant que possible juste. En ce moment nous sommes en train de faire une très mauvaise économie justement parce que nous exprimons et pensons mal notre vie économique et sociale. Nombreuses sont les paroles à repenser et réécrire. Parmi elles, sans aucun doute : richesse, pauvreté, entrepreneur, finance, banque, bien commun, travail, justice, management, distribution des revenus, profit, droit de propriété des entreprises, indignation, modèle national, capitalisme, et beaucoup d’autres. Un nouveau lexique est aussi nécessaire pour comprendre et donc réévaluer le spécifique de chaque tradition économique, italienne, française…  européenne. Le XXI siècle risque en effet de devenir le siècle de la pensée socio-économique unique.

Nous sommes en train de perdre trop de biodiversité, de richesse anthropologique et éthique, d’hétérogénéité culturelle. Il n’y a pas que des milliers d’espèces animales qui disparaissent, mais aussi des formes vivantes d’entreprises, de banques, de traditions artisanales, de visions du monde, de culture entrepreneuriale et coopérative, de métiers, de savoir faire et de savoir penser, d’éthique du travail. Et beaucoup de ce qui naît ressemble trop à des espèces parasites agressives qui accélèrent la mort d’antiques et bonnes plantes. C’est ainsi que diminuent les formes d’entreprise, les cultures de gouvernement, les types et les cultures bancaires, écrasés par l’idéologie de "business is business", de seule facture anglo-saxonne, des USA en particulier, où les banques sont toutes les mêmes, celles qui spéculent sur nos économies comme celles qui aiment et servent les territoires, les familles, les entreprises.

L’économie européenne est riche de siècles de biodiversité, ce que n’a pas le capitalisme qui s’occupe de nous coloniser. Si l’on oublie cette longue histoire et cette richesse,  d’énormes dommages civils et économiques, souvent irrémédiables, s’ensuivent.
Le XXème siècle fut au contraire le siècle de la pluralité des systèmes économiques et des capitalismes. Ce siècle, qui nous semble déjà si loin, a vu se déployer divers types et formes d’économies de marché : la forme allemande d’économie sociale, l’économie collectiviste, la forme mixte italienne – plus ample, celle-ci, que le seul rapport privé/public – les modèles scandinave, français, anglais, US, japonais, indien, sud-américain et, en dernier lieu, le modèle hybride chinois. Toute cette variété d’économies de marché, capitalistes et non, s’est accompagnée d’importants, parfois énormes, foyers d’économie traditionnelle, persistant même dans notre vieille Europe. Toute cette biodiversité est en train de disparaître dans ce XXIème siècle.

Ce qui fait la beauté et la richesse du monde, c’est la diversité ; pas plus celle des papillons et des plantes que celle des formes civiles et économiques. Les paysages italien, français, européen sont patrimoine de l’humanité pas seulement par leurs collines et leurs bois (fruits, entre autre, des grands charismes monastiques du moyen-âge, et donc d’une grande biodiversité spirituelle). Ce n’est pas aux seuls vignes et oliviers que nos places publiques et nos vallées doivent leur splendeur, mais aussi aux coopératives, aux milliers de caisses rurales et BCC, toutes semblables et pourtant diverses, aux caisses d’épargne, aux boutiques des luthiers comme aux étables de montagne, aux entreprises locales, aux confréries, aux œuvres de miséricorde, aux écoles de Don Bosco et des frères des Écoles Chrétiennes, aux cliniques des Servantes de la Charité comme aux hôpitaux publics et privés. Chaque fois que meure une de ces institutions, ne serait-ce qu’à cause de mauvaises lois ou de conseillers incompétents, notre pays s’appauvrit, nous perdons en culture, en profondeur, en liberté, et nous brûlons des siècles d’histoire et de biodiversité.

Là où manque la biodiversité il ne reste que stérilité, inceste, nanisme, toutes pathologies propres à un capitalisme financier incapable de créer du bon travail et de la bonne richesse, à cause justement de son aplatissement et de sa réduction à une seule culture et à un seul principe : maximalisation des profits et des rentes à court terme.

Cette perte de biodiversité civile et économique (et donc humaine) est une maladie très grave, qui interpelle directement la démocratie, aujourd’hui comme hier étroitement liée au sort, aux formes et à la pluralité des protagonistes de l’économie de marché.

Nous voilà donc face à de nouveaux défis, décisifs pour la qualité de notre vie présente et future : jusqu’à quel point voulons-nous que le mécanisme des prix règle notre vie en commun ? Sommes-nous sûrs que le mode actuel  de gouvernement des entreprises, surtout des grandes, soit porteur d’avenir ? Les salariés devront-ils toujours rester en dehors des CA des entreprises ? Voulons-nous continuer à piller l’Afrique, ou pouvons-nous engager avec ces peuples lointains mais toujours plus proches un nouveau rapport de réciprocité ? Quand cesserons-nous de dérober l’avenir de nos petits enfants en nous endettant à force d’excès de consommation et d’égoïsme ? Est-il possible d’étendre le système du ‘trip advisor’ des hôtels à tous les biens du marché en vue d’une vraie démocratie économique ? En tant qu’Europe, avons-nous encore quelque chose à dire sur le marché et sur l’entreprise ?  Nous ne réussirons à affronter ces demandes et défis difficiles, et d’autres encore, sans apprendre d’abord à les penser et à les dire avec les paroles justes.

Que de dégâts ont été commis, et pas seulement économiques, par ceux qui ont présenté les ‘maux’ comme des ‘biens’, les coûts comme des gains, et masqué les vices en vertus ! Dégâts que nous continuons à provoquer, pas toujours intentionnellement. Nous devons tous nous équiper – citoyens, économistes, institutions, médias, politiques – et donner vie à un langage économique et civil qui nous permette de donner aux choses leur juste nom, pour les aimer et les améliorer. En toute époque de renaissance les paroles vieillissent très rapidement, et aucune époque dans l’histoire n’a consommé autant de paroles et de concepts aussi vite que la notre. Si l’on veut vraiment recréer emplois, concorde civile, coopération et richesse, il faut d’abord savoir les prononcer, les nommer. Quand on veut passer du ‘chaos’ au ‘cosmos’ (ordre), il faut commencer par nommer les choses, les connaître, les cultiver.

Mais le nom le plus important qu’aujourd’hui il nous faut réapprendre, reconnaître et prononcer, c’est le nom de l’autre. Car si l’on oublie ce nom primordial on ne parvient pas non plus à se dire soi-même, ni à dire les choses, y compris les choses très importantes de l’économie. C’est quand nous appellerons l’autre de son vrai nom qu’avec lui nous commencerons à nous répondre.

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Commentaires – Lexique du bien vivre social / 1

De Luigino Bruni 

Paru dans Avvenire le 29/09/2013

logo_avvenire Certains sont fermement convaincus que le pire de la crise est désormais derrière nous ; d’autres sont tout aussi convaincus que la "grande crise" a à peine commencé. En réalité, ce qui est sûr c’est qu’il nous faut prendre conscience que c’est justement la parole "crise" qui n’est plus à même d’exprimer notre temps. Nous nous trouvons en effet dans une longue période de transition et de changement de paradigme, commencée bien avant 2007 et destinée à durer longtemps encore. Tout en apprenant vite à bien vivre dans le monde tel qu’il est aujourd’hui, y compris le travail, nous devons apprendre un nouveau lexique économique adéquat à la compréhension de ce monde (pas celui d’hier), puis nous donner des instruments d’action et si possible de progrès.

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Les mots pour notre temps

Commentaires – Lexique du bien vivre social / 1 De Luigino Bruni  Paru dans Avvenire le 29/09/2013 Certains sont fermement convaincus que le pire de la crise est désormais derrière nous ; d’autres sont tout aussi convaincus que la "grande crise" a à peine commencé. En réalité, ce qui...